A la veille d'une Assemblée Générale de la Société des Beaux-Arts du Périgord et du concours Jean Callerot, il me parait opportun de rappeler l'importance de Jean-Daniel Ribeyrol dans l'histoire de cette association dans les trente dernières années du siècle passé. Sans esclandre et sans compromis il a pérennisé le fonctionnement de l'asso, animé, innové et mis en oeuvre les activités qui perdurent : l'Atelier de la Sté des Beaux-Arts, le concours Jean Callerot, le Cadre d'Or ...
Jean-Daniel Ribeyrol
alors Président de la Société
des Bx-Arts du Périgord
a présenté à Périgueux
une importante rétrospective
de son œuvre.
(de Jean-Louis Galet)
et les illustrations qui suivent sont extraits de la plaquette
Jean-Daniel Ribeyrol
Attrait pour son âme d'artiste des sites grandioses ou des paysages agrestes, des cités closes sur leurs trésors, des châteaux altiers prolongeant en plein ciel les falaises dorées? Attirance affective vers le pays des jeunes ans qui virent l'éclosion d'une vocation précoce jamais démentie, confortée par l'atmosphère chaleureuse de l'Ecole de Dessin où il apprenait les rudiments, en cours du soir, en bonne compagnie, Pierre Lucas, qui devint Prix de Rome, en 1937, et Jean Cluzeau-Lanauve, promis à la brillante carrière que l'on sait. Sur ce cénacle fécond, régnaient les bons maîtres Dessales-Quentin et Julien Saraben, dépositaires de l'héritage de l'« Ecole de Périgueux» qui avait connu son heure de gloire au début de siècle, se caractérisant, dans ses méthodes de travail, par un refus de l'autosatisfaction et la recherche du Graal de la perfection, ainsi qu'en témoigne, par exemple, l'abondante correspondance, bourrée de considérations techniques, de Jean Daniel.
Partout où le conduisit sa profession, le premier souci de J-D Ribeyrol fut de rechercher quel milieu artistique pourrait l'accueillir, afin de lui permettre d'enrichir, par la confrontation, les conseils aussi bien que les critiques, les ressources de sa palette ou de son crayon. Car, détail à souligner dans sa génération, il n'a jamais dédaigné ni négligé les exigences du dessin, ce qui assure à ses œuvres une consistance charpentée et rassurante, une « mise en page » sans lacune.
Nous le retrouvons à l'Ecole et à la Société des Beaux-Arts de Grenoble où il s'essaye dans des concours. Les premières réactions du public, de la presse et des jurys sont encourageantes. Il glane médailles et premiers prix en des salons de bon aloi comme celui de Grenoble en 1961 et le Salon de Lyon, ce qui le décide à franchir le pas et à se risquer dans des expositions personnelles. Elles obtiennent bien plus qu'un succès d'estime et lui attirent des sympathies.
Parce que son sens de la convivialité se montre contagieux, une vingtaine de ses condisciples le suivent lorsqu'il a l'idée de fonder, en 1958, dans la rue Greuze, l'«Atelier Greuze», où l'on se réunit pour travailler, échanger des idées à perte de vue, deux fois par semaine. L'idée était excellente puisque l'«Atelier» existe encore aujourd'hui.
En 1968, changement de résidence, c'est Lyon, métropole régionale aux riches traditions esthétiques. Sur ses états de service, J.-D Ribeyrol rejoint immédiatement un petit groupe de très bons peintres qui se réunissent chaque semaine et l'introduisent dans la Société Lyonnaise des Beaux- Arts dont les salons accueillent bientôt régulièrement, le nouveau venu.
Cependant se poursuivent dans toute la France, quelques expositions personnelles et plus fréquemment, des envois aux présentations de groupes, apportant, sans tapage, leur petite moisson de médailles et de prix.
En 1974, c'est enfin le retour au bercail périgourdin où le paysage culturel a changé. Heureusement, la Société des Beaux-Arts est toujours bien vivante avec sa Biennale, très suivie du public, qui accorde au peintre prodigue, en signe de bon retour, une médaille, en 1975.
Les qualités d'animateur de J.-D. Ribeyrol vont être précieuses pour la direction de la société, dont il étoffe la présidence, avant de devenir, lui-même, président. Il a créé, fort de plus d'une soixantaine de membres passionnés et possédés du désir de mieux faire, un groupe de travail retrouvant la tradition des soirées d'études de chevalet de l'ancienne «Ecole de Périgueux». (*)
Ce qui n'empêche en aucune manière les novations, comme ces sorties de plein air, l'été sur les places et dans les ruelles de Périgueux afin de recréer l'ambiance de la «place du Tertre», initiative appréciée des touristes et qui, selon l'expression consacrée, a réussi «à faire descendre la peinture dans la rue», à la grande satisfaction de la municipalité de Périgueux, mécène pour l'occasion, du «Concours du Cadre d'or».
On comprend qu'une œuvre comme celle de J.-D. Ribeyrol, étalée sur un demi-siècle, ne soit pas demeurée indifférente aux nombreux courants d'un contexte pictural en permanente mutation. Dans une rétrospective comme celle de 1988, il sera intéressant d'essayer de dater les toiles, de les situer les unes par rapport aux autres. Il y a eu des «époques» et, fait réconfortant, évolution, c'est-à-dire progrès, dans le perfectionnement des techniques en particulier. On y constate un balancement modéré entre la recherche de l'émotion pure, suscitée par le spectacle de la Nature, avec une sincérité sans détour, et le volontarisme d'une expression à système, inspirée par le surcadrage ou le cloisonnement.
Ce qui assure la pérennité du talent et l'unité de l'œuvre, c'est l'honnêteté, la modestie évidente de l'artiste devant le sujet ou la Nature, la liberté de circulation de l'air, la dilection des jeux de lumière, la perception visuelle des volumes et le traitement coloré en riches glacis.
C'est une peinture de joie de vivre, de petites émotions quotidienne éloignée des tentations de l'académisme et de la grandiloquence, dont l'auteur lui-même explique joliment la raison d'être :