Un poème de Michel Lagrange
L’HIDALGO
Celui qui dans l’éventail des hennissements
N’entend vibrer que des chevaux
Réduit son envergure
À des sentiers battus d’avance
Et prosaïques
Autant de visions que d’échappées belles
Ma Rossinante a plus d’instincts
Que de raison
Elle galope et reçoit les renforts
De chevaux cabrés scabreux de légende
Issus vivants de l’imagination
De l’océan et du vide aérien
Marée montante aux crins d’écume
Et aux sabots griffus palmés
Extravagants
Chevaux du vent roulant mes fantasmagories
La vérité de mon délire
Est le consentement de la terre et du ciel
Pour les obsessions de mon envergure
Si je suis le cavalier nu
C’est pour être au cœur du voyage
Au plus poreux de mon identité
Et recevoir l’accord des oraisons du vent
Une femme nue s’évapore
Et me répond
Depuis le ventre des chevaux
Incarnation de pensées revenant
De mon enfance inaltérée
Laquelle aura le dernier mot
Ultrasons de mémoire
Autant de palimpsestes
Issus obliquement de mes nuits mémorielles
En fonction de ma destinée
L’alchimie d’un mirage en vue
M’oblige à me porter
À la hauteur d’un monstre exubérant
Dans la gueule du loup
Les fruits de mes nuits sont payants
Comme en haut d’un mât de cocagne
Une porte égueulée
M’affronte
Infernale et foraine
Une gigantesque armada
Tourne casaque aux vents mauvais
Et porte au ciel ses bras déments
Écho de mes regards mortels
Squelettique un œil échassier
Est aux aguets
Ce sont des ennemis que je connais par cœur
Et que je nourris de mon sang
Pour en gagner mes lettres de noblesse
Et mes galons dorés sur tranche
Ivresse et profession de foi
Ne vont pas de concert
Je vois ce que je crois
Au-dessus de l’abîme
Hurlant son innocence
Aux accents d’ex-voto
Criés par la fenêtre des vaincus
Un cheval fou déchire un horizon
Comme une apparition du voilier d’un naufrage
De la cavalerie marine à ce cheval
Cloué vivant sur un ciel sans échos
C’est ma vie que je vois passer
Comme avant de mourir
Toute une symphonie de tourbillons sonores
Avoue l’Apocalypse en cours
L’arbre nu de ma nudité
M’a défolié de ma pudeur
Poète affabulant c’est ma version
Vue par les yeux d’un enfant de quatre ans
Qui traduit ce mirage en vérité première
Je n’obéis qu’à ma logique interne
Et vierge autant que primitive
De ses cris d’ultrasons
L’ennemi me crève les yeux
Et sa laideur me perce les tympans
Quand le Mal me condamne
Au seuil brûlant de son délire
À l’Infini je suis tenu
Je vois ma renommée briller dans un soleil d’automne
Et je sème au galop le vaccin de ma déraison
Dans ma vocation d’Absolu
Je suis un erratique un ascète hidalgo
Mon sang est couleur d’encre noire
Et de haute volée
Le temps m’égare en chemins de traverse
Et la vie alentour me parle en fruits venus
De généalogies subtiles
Je suis le voyageur sacré d’une écriture
Exclue de la pensée courante
En ce grand livre ouvert
Par l’épidémie de ce Mal
La raison n’y voit que grisaille
Et trompe-l’œil
Comme sur un triptyque hermétiquement clos
C’est moi qui remets le monde en couleurs
Contre vents et marées profanes
À cœur ouvert à corps perdu
Cadavres des moulins à vent
Désillusions
En finir avec le combat
Me tue
Quand je ralentis je m’enfonce
Au point que je n’existe plus
Que pour un combat nouveau-né
Je connais les revers de ce qui me dépasse
Ils amplifient le circuit de mon sang
Et le haut-relief de ma raison d’être
Je fais du Mal qui me taraude
Une œuvre d’art
Cavalier Chevalier Seigneur des apparences
Au-delà du danger
Je mets à jour mon corps de gloire
Et suis le Messager de la Bonne Nouvelle
Sous le dernier sabot du dernier cheval-destinée
C’est ma folle raison qui combat la folie
Des humains raisonnables
Dans un espace illustre et inconnu
Et dans un temps pyramidal
Ma mort sera l’apothéose
Un vol d’oiseaux
Triangulaire
Arrive à point nommé
Pour élever mon âme
Au-delà de ma vie
Le Mal universel succombe
Je vais dormir en liberté
Dans les ronciers de mon génie
Michel Lagrange février 2020
Celui qui dans l’éventail des hennissements
N’entend vibrer que des chevaux
Réduit son envergure
À des sentiers battus d’avance
Et prosaïques
Autant de visions que d’échappées belles
Ma Rossinante a plus d’instincts
Que de raison
Elle galope et reçoit les renforts
De chevaux cabrés scabreux de légende
Issus vivants de l’imagination
De l’océan et du vide aérien
Marée montante aux crins d’écume
Et aux sabots griffus palmés
Extravagants
Chevaux du vent roulant mes fantasmagories
La vérité de mon délire
Est le consentement de la terre et du ciel
Pour les obsessions de mon envergure
Si je suis le cavalier nu
C’est pour être au cœur du voyage
Au plus poreux de mon identité
Et recevoir l’accord des oraisons du vent
Une femme nue s’évapore
Et me répond
Depuis le ventre des chevaux
Incarnation de pensées revenant
De mon enfance inaltérée
Laquelle aura le dernier mot
Ultrasons de mémoire
Autant de palimpsestes
Issus obliquement de mes nuits mémorielles
En fonction de ma destinée
L’alchimie d’un mirage en vue
M’oblige à me porter
À la hauteur d’un monstre exubérant
Dans la gueule du loup
Les fruits de mes nuits sont payants
Comme en haut d’un mât de cocagne
Une porte égueulée
M’affronte
Infernale et foraine
Une gigantesque armada
Tourne casaque aux vents mauvais
Et porte au ciel ses bras déments
Écho de mes regards mortels
Squelettique un œil échassier
Est aux aguets
Ce sont des ennemis que je connais par cœur
Et que je nourris de mon sang
Pour en gagner mes lettres de noblesse
Et mes galons dorés sur tranche
Ivresse et profession de foi
Ne vont pas de concert
Je vois ce que je crois
Au-dessus de l’abîme
Hurlant son innocence
Aux accents d’ex-voto
Criés par la fenêtre des vaincus
Un cheval fou déchire un horizon
Comme une apparition du voilier d’un naufrage
De la cavalerie marine à ce cheval
Cloué vivant sur un ciel sans échos
C’est ma vie que je vois passer
Comme avant de mourir
Toute une symphonie de tourbillons sonores
Avoue l’Apocalypse en cours
L’arbre nu de ma nudité
M’a défolié de ma pudeur
Poète affabulant c’est ma version
Vue par les yeux d’un enfant de quatre ans
Qui traduit ce mirage en vérité première
Je n’obéis qu’à ma logique interne
Et vierge autant que primitive
De ses cris d’ultrasons
L’ennemi me crève les yeux
Et sa laideur me perce les tympans
Quand le Mal me condamne
Au seuil brûlant de son délire
À l’Infini je suis tenu
Je vois ma renommée briller dans un soleil d’automne
Et je sème au galop le vaccin de ma déraison
Dans ma vocation d’Absolu
Je suis un erratique un ascète hidalgo
Mon sang est couleur d’encre noire
Et de haute volée
Le temps m’égare en chemins de traverse
Et la vie alentour me parle en fruits venus
De généalogies subtiles
Je suis le voyageur sacré d’une écriture
Exclue de la pensée courante
En ce grand livre ouvert
Par l’épidémie de ce Mal
La raison n’y voit que grisaille
Et trompe-l’œil
Comme sur un triptyque hermétiquement clos
C’est moi qui remets le monde en couleurs
Contre vents et marées profanes
À cœur ouvert à corps perdu
Cadavres des moulins à vent
Désillusions
En finir avec le combat
Me tue
Quand je ralentis je m’enfonce
Au point que je n’existe plus
Que pour un combat nouveau-né
Je connais les revers de ce qui me dépasse
Ils amplifient le circuit de mon sang
Et le haut-relief de ma raison d’être
Je fais du Mal qui me taraude
Une œuvre d’art
Cavalier Chevalier Seigneur des apparences
Au-delà du danger
Je mets à jour mon corps de gloire
Et suis le Messager de la Bonne Nouvelle
Sous le dernier sabot du dernier cheval-destinée
C’est ma folle raison qui combat la folie
Des humains raisonnables
Dans un espace illustre et inconnu
Et dans un temps pyramidal
Ma mort sera l’apothéose
Un vol d’oiseaux
Triangulaire
Arrive à point nommé
Pour élever mon âme
Au-delà de ma vie
Le Mal universel succombe
Je vais dormir en liberté
Dans les ronciers de mon génie
Michel Lagrange février 2020
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Un Don Quichotte sculpté par Pierre Mouzat avait inspiré à Michel Lagrange un beau poème que j’ai relu il y a peu. J’étais un peu jaloux… Le poète l'a su. Il s’est donc penché sur mon Quichotte à moi en proie aux Sortilèges sur la Mancha.
Cet Hidalgo inspiré d'une peinture n'est pas un texte didactique ou critique, ce n’est pas un commentaire de plus relatif au triptyque peint en 2015, mais une création parallèle pleine et entière.
Si je suis tenté d’écrire le mot "illustration" c’est par goût du paradoxe et parce qu’il me plait d’inverser ici la proposition habituelle qui veut que les oeuvres des écrivains soient illustrées par des oeuvres de dessinateurs, peintres ou photographes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/
Voir plus de détails du triptyque
Les Sortilèges sur la Mancha Technique mixte Triptyque 146 x 301 cm |